À propos de l’analyse

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Le musicologue, pendant des décennies, a utilisé plusieurs méthodes d’analyse ; nous citons celles de Schenker, Ruwet, Meyer, Forte, Lerdahl-Jackendoff, Baroni-Dalmonte-Jacoboni, Bent (1980-1988), Cook (1987), Dunsby-Whittall (1988), J. Molino, J.-J. Nattiez, J.-M. Chouvel, Duffond. Prenons par exemple la méthode dite tripartite fondée par Jean Molino, recommandée par Nattiez, et appliquée par quelques adeptes de la musicologie analytique. Cette méthode était clairement critiquée par la thèse proposée par Françoise Escal. Il faut rappeler que cette méthode était aussi inspirée des travaux du linguiste Jakobson à partir de sa proposition de l’émetteur, du message et du récepteur. « Vouloir fonder une sémiologie musicale sur le fait que les “phénomènes musicaux sont de nature sémiologique parce qu’ils renvoient à quelque chose d’autre, dans le monde extérieur ou dans la pensée de ceux qui les utilisent”, est quelque peu imprécis. C’est assimiler le symbolique et le sémiotique…, en un sens, le symbolique, c’est précisément ce qui résiste à la “dégradation” en signe ou en image. C’est justement parce qu’elle est un langage symbolique et non une langue communicative que la musique appelle la mise en place d’autres procédures d’analyse que celle de la linguistique »1. D’ailleurs Françoise Escal avait rappelé que même J.-J. Nattiez s’est fait critiquer à propos de quelques aspects concernant l’analyse sémiologique qui faisait référence à la linguistique. Loin de cela, l’ethnomusicologue conçoit la musique dans sa globalité puisqu’il la considère comme un produit musical traité avec, et dans la culture. Autrement dit, faire séparer les trois niveaux — poïétique, neutre, esthésique — parait pour lui inconcevable2.

Il incombe ainsi à l’ethnomusicologue de discerner les traits proprement musicaux qui caractérisent le patrimoine musical d’une société donnée3. Alors, si l’ethnomusicologie s’occupe de la musique dans la culture, et si la culture est partout où nous sommes, alors l’ethnomusicologie est concernée aussi par l’étude des musiques contemporaines ; les chansons de variété, les nouvelles tendances du jazz et d’autres genres et styles musicaux cités auparavant. Il convient alors d’adapter les stratégies de recherche, en reliant ces productions musicales aux contextes culturels.

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